Détendez-vous lisez des nouvelles

Le coeur de la Bretagne reste sauvage et ne livre ses secrets qu'à ceux qui savent écouter, voir, sentir et toucher l'invisible...

Les pierres parlent du passé, les ombres cachent les âmes maudites, les flammes de l'enfer ne dansent que pour les emporter au plus profond de l'Hadès. 

Il faut mille Saints pour protéger les âmes pures et plus encore de chansons pour faire frissonner de peur ou rire aux éclats afin de conjurer le sort...

Il est vrai que mes pas aiment m'emporter dans les légendes. Il n'y a qu'à les suivre pour les découvrir au hasard d'un canal oublié, d'une abbaye dont les pierres ont vu tellement de drames qu'elles semblent encore brûler...

Les monts battus par les vents offrent les bruyères comme parterres, les ajoncs comme lumière, le ciel noir comme voûtes.

Ces nouvelles ouvrent des portes interdites et vous feront voyager dans une Bretagne profonde et magique. 

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Ce recueil est le premier que j'ai consacré à ce port de corsaires bretons. Les récits qui le composent m'ont été dictés par la côte sauvage, alors que les tempêtes d'hiver battaient les rochers jusque sous mes fenêtres.
Lorsque je débarquai les soirs de tempête, il me fallait courber l'échine, remonter mon col de caban, visser ma casquette solidement et chalouper face au vent d'ouest.  Sous les embruns qui fouettaient mon visage, par des nuits aussi noires que les âmes  de ceux qui oubliaient de louer Dieu, de s'en remettre à Marie ou d'implorer le Christ, je croisai parfois un chat noir, dont les yeux jaune m'arrachaient l'âme. Le manoir de mon ami Gérard semblait sortir tout droit d'une légende maudite, et sa tourelle, dont les volets battaient la chamade, m'attendait pour quelques jours hors du temps. La lanterne à pétrole de son porche me guidait, tel un phare entretenu par Gérard, un pirate échoué là sans fortune après des années de combats. 

Le colosse, qui cachait un coeur fragile, m'attendait devant toujours devant l'âtre où brûlait un feu de naufrageur. Il savait l'Ankou rôdant autour du vieux domaine et ne se séparait jamais d'une petite croix d'or qui pendait sur sa poitrine. 

Une fois m'avoir rassasié et grisé par le rhum, il quittait sans un bruit la grande salle de granit luisante d'humidité. Où dormait-il ? C'était un mystère. Moi, je montai l'escalier à vis, poussai la lourde porte de ma chambre et me glissai bien vite sous l'édredon, ne pouvant fermer l'oeil tant parfois le lit dansait.

Alors, après un éclair plus puissant que jamais, dans un grondement de tonnerre faisant vibrer les murs épais, l'électricité abandonnait la partie et je tâtonnai pour attraper le chandelier, craquer une allumette et m'épouvanter des ombres qui menaient le sabbat.

Il ne me restait plus qu'à me lever d'un bond pour les affronter, ceindre un peignoir de laine et me mettre à écrire ce que me dictaient ces démons venus des entrailles de la terre.


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Gérard, le tailleur de pierres, a rendu l'âme avant que ce second recueil ne soit terminé. Il a embarqué un soir d'hiver sur le charroi de l'Ankou qui attendait dans la cour, rejoint quelques années plus tard par Thierry l'accordéoniste, puis par Joël le violoniste. Le Croisic des amis est loin derrière moi à présent. Seuls mes souvenirs viennent me tirer les pieds durant les nuits sans lune.

Mes nouvelles sonnent sur les pavés des quais, comme mes pas s'insèrent encore en tremblant dans les souterrains qui courent sous la vieille demeure. Je connais les légendes que m'ont racontées les korrigans lorsque je les regardais danser autour du feu, près du menhir oublié sur la côte sauvage. 

Ces nouvelles sont aiguisées comme des lames de couteaux, teintées d'amitié, de douceur et de poésie. Elles tiennent en haleine comme des enquêtes policières...
Je me suis assis sur les rochers près de l'Ours qui monte la garde tourné vers le Nouveau Monde et j'ai entendu les bombardes sonner lorsque les esprits des marins disparus ont rasé les flots noirs avant de rejoindre le vaisseau fantôme à bord duquel l'âme noire d'un capitaine maudit tenait la barre de l'éternité.


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